7 jours à Levanzo.
Une fois de plus, la découverte d'un film vient faire irruption dans ma mémoire voyageuse.
Grâce à la chaîne Arte, j'ai eu accès, un peu par hasard, à un titre : "Les sirènes de Levanzo" dont seule la chaîne a adopté une telle traduction, car le titre, dans la langue italienne, ne présentait pas vraiment de difficultés d'adaptations internationales : tout simplement "sette giorni".
"Sept jours", dont le site web est toujours disponible. Sept séquences rythmées, à la manière d'un drame antique.
Une sorte de "protection" prodiguée par des créatures marines guidera un couple "illégitime" vers le bonheur, en ayant presque constamment frôlé le malheur, jour après jour, séquence après séquence, jusqu'au climax de l'intrigue.
Malgré la fête, malgré les musiques traditionnelles, malgré les chants choraux, malgré les tresses de fleurs, malgré le cortège et la processions des barques d'une communauté soudée.
Le site permet d'afficher en gros plan les visages des deux acteurs principaux dont les noms de me disaient rien a priori, mais il est vrai que la production est italo-suisse et que je ne suis pas le meilleur observateur de visages d'acteurs pris en gros plan hors contexte : Bruno Todeschini et Alessia Barela.
A eux seuls, ces deux visages, inscrits dans l'immobilité historique d'une île, se sont également inscrits dans mon désir d'écrire en instantané afin de fixer ma fascination séduite.
Mais il y avait certainement plus qu'une réaction littéraire nocturne !
Si je n'ai jamais abordé sur cette roche de Levanzo dressée à proximité de la côte Ouest de la Sicile et précédée à quelques brassées d'un îlot encore plus petit, couronné d'un phare, ce sont deux autres noms tout proches qui ont sonné à ma mémoire, toujours à la recherche de parcours sonores inédits, de senteurs inhabituelles et d'environnements inconnus, insolites, ou hors du commun.
Pour sortir de Paris.
Pour me sentir encore une fois entouré d'eau.
Des noms qui lui sont connectés par le transit des bateaux emplis de passagers locaux ou de touristes et contournés par les barques des pêcheurs : Trapani et l'île de Favignana qu'Antonio Barone m'a fait découvrir en avril 2004 sur la Route des Phéniciens.
Une île dont le film décrit les traditions encore vivantes et suggère la mort prochaine.
La vie difficile, comme celle d'un couple en instance de mariage qui veut absolument se replonger dans un rêve égaré, mais à portée de mains, grâce aux deux visages, frère de l'un, amie de l'autre, qui pendant sept jours vont aménager les espaces, le temps, les liens, la vie telle qu'elle aurait dû se protéger de l'émigration, voire de l'oubli de tous.
Comme le décors d'une pièce qui doit absolument se jouer, ou plutôt se reconstituer, pour conjurer la maladie et la mort.
Pour prétendre à l'éternité.
Une île où les sirènes sont remplacées par des plongeurs ludiques, des amateurs de sensualités marines, ou, plus rares encore, par un botanistes curieux, à la recherche d'herbiers sous-marins ou de plantes halophytes et par une décoratrice et couturière de talent.
Un botaniste ? Au bord de la mer ? Happé par les herbiers sous-marins, les algues et ces végétaux sauvages, dont les noms latins viennent s'inscrire dans ses cahiers, tandis que les graines récoltées pourraient contribuer à quelque découverte essentielle dans un laboratoire du Nord de la péninsule.
Un laboratoire qui pourrait participer à cette recherche de médicaments miraculeux, porteurs d'éternité.
On me pardonnera de me projeter dans mon propre passé océanographique, plus breton que méditerranéen.
Mais on comprendra que je ne pouvais que construire, dans l'espace de deux heures d'une intrigue plausible et enchantée, une autre liaison temporelle personnelle entre deux extrémités de ma propre route : un séjour dans la station de biologie marine de Roscoff à la fin des années soixante, propice aux sensualités d'un groupe de jeunes étudiants et un voyage inoubliable en avril 2004 à Trapani et dans l'île de Favignana qui ouvrait la porte à un projet majeur d'itinéraire culturel du Conseil de l'Europe.
Un arc lumineux, un arc électrique.
Les bonheurs de la vie retrouvés, ensemble, à soixante années de distance !
La vie, ainsi, par surprise, peut faire des cadeaux inespérés.
Un instantané sans masques, sinon de plongée, qui s'ajoute à quelques autres enchantements.
Inoubliables.
Au point de l'écrire, pour le transmettre aux amis, dont certains, partenaires de faculté, ont malheureusement déjà rejoint les contrées des rêves éternels.
Commentaires
Enregistrer un commentaire