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Affichage des articles du novembre, 2021

Forbach au cœur (2) : dans la lumière des femmes

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  Dans l’ombre portée des métiers qui disparaissent.  Dans l’ombre portée des femmes qui ont porté une société meurtrie. J’insistais dans le post précédent publié dans le blog sur la «  Destination Europe  », consacré au patrimoine industriel, sur l’importance d’accorder une place essentielle aux ouvriers et ouvrières qui ont fait vivre ces outils et ces machines, creusé ces excavations labyrinthiques et habité ces énormes bâtiments que l’industrie moderne a générés. L’ombre de Zola, côtoyant celle de Dreyfus , a largement plané au-dessus de nos têtes ces dernières semaines. «  Germinal  » a fait l’objet d’une adaptation télévisée en «  série  » sur la chaîne TF1 dont les moyens importants, en termes de décors et de distribution, signifiaient un peu comme un remord vis-à-vis d’un monde disparu. Une démarche destinée aussi en partie à excuser au présent, notre actualité où les restes d'un naufrage occidental provoquent les (derniers ?) sursauts de révolte. Si dans le film de

Dreyfus, un Eternel sans Panthéon ?

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  © Ludovic MARIN / POOL / AFP Au milieu des instantanés qui se bousculent chaque jour dans tous les espaces que nous consultons, il est clair que lorsque la fumée des contradictions se disperse, il subsiste une sorte de rire sardonique qui vient directement des rives du passé. Que tente-t-il de nous dire, ce rire funeste ?  Il tente en vain de nous alerter sur la montée des extrémismes  :  «  Souvenez-vous du début du XXème siècle, dans ces années où les nationalismes exacerbés ont annoncé la guerre et fait taire Jean Jaurès . » Son corps abattu fin juillet 1914 sera transféré au Panthéon dix ans plus tard. En signe d’un armistice plutôt que d’une concorde. Une autre guerre germait déjà dans les esprits de ceux qui s’estimaient trahis ! Parallèlement, mon grand-père paternel, était abattu en mars 1915 et enterré sept ans plus tard, presque jour pour jour. Des vies parallèles ? L’une magnifique dans son engagement politique sans concessions, qui l’expose inéluctablement à s

Ghost writer

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  Après la polémique qui a accompagnée la sortie de «  J’accuse  », un film dont la nécessité politique et l’actualité du sujet semblent chaque jour aussi criantes qu’à l’époque où Emile Zola publiait sa défense contre les manipulations de sinistre mémoire de l’armée française, la projection le 11 novembre sur la chaîne Chérie 25 de «  Ghost writer  », m’a amené à réviser mes classiques. Combien de films signés de Roman Polanski ou bien joués par lui ai-je vus en salle ou sur le petit écran depuis «  Le couteau dans l’eau  », lors de sa sortie en 1962 quand je lisais «  Les Cahiers du Cinéma  » avec avidité et tombais avec fascination dans le gouffre de «  Huit et demi  » de Federico Fellini ? Ou plutôt, pour être juste, combien en n’ai-je pas vus à partir du moment où le cinéaste est moins apparu à mes yeux comme un dissident, proche d’Andrzej Wajda, que comme un narrateur de l’effroi et de l’horreur, pour lequel les criminels diaboliques côtoient les vampires comme des évidences

Mort à Venise

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    Il est des visages d’acteurs qui s’inscrivent à jamais par des instantanés dans nos mémoires, quel que soit le moment de nos vies où ils sont venus s’y inscrire. Pour moi, c’est le cas de celui de Max von Sydow, figure du diable dans «  Le Septième Sceau  » d’Ingmar Bergman, celui de Marcello Mastroianni s’envolant dans le ciel de «  Huit et demi  » de Federico Fellini ou encore les deux faces égarées d’Emmanuelle Riva et de Jean-Louis Trintignant, dans la confrontation infiniment douloureuse d'«  Amour   » de Michael Haneke. La récente rediffusion sur Arte de «  Mort à Venise  » de Luchino Visconti n’a pas seulement fait réapparaître les visages superposés de Stendhal et de Philippe Sollers , comme celui de Dirk Bogarde, transpirant ses cheveux teints dans les dernières minutes de survie à une épidémie cachée du choléra, mais celui de Tadzio, «  Le plus beau visage du monde  », l’acteur Björn Andrésen , devenu pour jamais et sans en maîtriser les conséquences, l’éter

Fragilité des instantanés numérique (2) : Comment fabriquer l’oubli ?

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  Fragilité des instantanés numérique (2) : Comment fabriquer l’oubli ?   C’est de nouveau Radio France qui me ramène à mon propos amer sur la fragilité du numérique, qu’on lui confie un récit personnel ou professionnel, en y mêlant parfois les points de croisement entre les deux espaces. Certes, le cinéma d’Alain Resnais propose de manière sublime une somme de récits éclatés où la mémoire montre sa propre fragilité, révèle ses limites et avoue le besoin, sinon la nécessité de la mettre parfois au repos, comme le propose Paul Ricoeur. Ce n’est certes pas sans arrière-pensée que j’ai choisi comme instantané l’image un peu aristocratique d’un parc que l’on peut imaginer situé dans une ville thermale .  «  L’année dernière à Marienbad  » focalise sur un nom et un triangle tchèque - gardant pour nous ses noms en langue germanique - qui vient d’être inscrit avec huit autres villes sur la Liste du Patrimoine Mondial, la confusion entre le réel et l’imaginaire, le vécu et le réel e