Articles

L'enchanteur. Cette histoire est vraie parce que je l'ai inventée.

Image
  On plonge au coeur de la naissance du roman. Avec légèreté et un peu de moquerie. Et je prends le temps du souvenir en faisant renaître quelques instantanés des années 70. Plus qu'aujourd'hui, j'attendais les cérémonies d'annonce du Prix Goncourt et du Prix Médicis.  Je tournais autour des lieux que je n'avais aucun mal à considérer comme des instances sacrées, allant de la Place de l'Odéon à la rue Sébastien Bottin où je rencontrerai quelques écrivains illustres dans le temps de la préparation du Guide Encyclopédie sur les Chemins de Saint Jacques, à l'adresse prestigieuse des Editions Gallimard. Silhouette entr'aperçue de Philippe Sollers.  Et je lisais avec passion, mais sans vraiment tenir compte de ces jurys impérieux et impériaux. Et pourtant, je me suis bien amusé en 1975 lorsque Romain Gary fut primé pour la seconde fois, sous l'anonymat d'un " jeune prodige littéraire ", Emile Ajar , qui n'était autre qu'un double as...

De l'autre côté du désir. Wim Werders : "C'est tout et c'est rien". Ou l'inverse.

Image
  Je croyais me souvenir de " Paris Texas ". Je l'ai revu sur un écran de télévision, avec une émotion intacte. Je me souvenais de " Perfect days ", bien plus récent, mais inscrit dans la lenteur d'un balancement quotidien du temps. Le premier est venu remonter à la surface de la mémoire, comme une bulle pour m'aider à traverser l'espace de tant de voyages, dont j'ai laissé les traces derrière moi. Un symbole de toutes les photographies et de quelques textes qui restent fixés sur les lignes d'horizon de mes dernières missions professionnelles .  Il ne me restait plus que de faire ressurgir des images du Centre Pompidou pour que la présence de Wim Wenders ressurgisse dans cette salle de projection du Centre de création industrielle où il présentait aux Parisiens " Carnets de notes sur vêtements et villes", pour que le cercle de quelques instantanés de ma propre vie tente de recouvrir les visages angéliques traversant Berlin.  Ce ne s...

7 jours à Levanzo.

Image
Une fois de plus, la découverte d'un film vient faire irruption dans ma mémoire voyageuse. Grâce à la chaîne Arte , j'ai eu accès, un peu par hasard, à un titre : " Les sirènes de Levanzo " dont seule la chaîne a adopté une telle traduction, car le titre, dans la langue italienne, ne présentait pas vraiment de difficultés d'adaptations internationales : tout simplement " sette giorni ". " Sept jours ", dont le site web est toujours disponible. Sept séquences rythmées, à la manière d'un drame antique.  Une sorte de " protection " prodiguée par des créatures marines guidera un couple " illégitime " vers le bonheur, en ayant presque constamment frôlé le malheur, jour après jour, séquence après séquence, jusqu'au climax de l'intrigue. Malgré la fête, malgré les musiques traditionnelles, malgré les chants choraux, malgré les tresses de fleurs, malgré le cortège et la processions des barques d'une communauté soudé...

Consommer l'art. Maria, une femme de ménage révolutionnaire qui a la banane.

Image
  Rien n'est art, ou tout est art.  Durant les années où j'ai pris plaisir à écrire régulièrement des articles pour la revue Textile / Art , je me suis "  éduqué  ", dans tous les sens du terme. J'ai appris à dénoncer et à combattre des frontières, jusqu'au jour où j'ai compris qu'il s'agissait d'un leurre.  Il n'était que temps d'abandonner une recherche qui n'avait de sens, pour les critiques traditionnels, que dans un étroit contexte historique synchronique défendu comme une sorte de propriété territoriale. J'ai alors adopté une approche diachronique en me fiant aux historiens de métier qui étaient adeptes du temps long !  Et si j'ai eu envie d'écrire sur les artistes de Supports/Surfaces , du Néoréalisme  ou sur ceux du courant Surréaliste, sur des   personnalités   que j'ai croisées, interviewées ou à qui j'ai déclaré mon admiration par écrit, ou en les choisissant pour sujets et objets des expositions qu...

La disparition du Cardinal André Vingt-Trois. L'été de la Saint Martin de 2004 au coeur des Itinéraires culturels.

Image
  Le jeune porteur du Manteau de Saint Martin aux côtés de Monseigneur Vingt-Trois. Cliché MTP. Le fait que le décès du Cardinal André Vingt-Trois le 18 juillet dernier ait autant marqué la presse, jusqu'à susciter un communiqué de l'Elysée , tient bien entendu au parcours même de l'ecclésiastique. Sa présence comme archevêque de Paris, après avoir occupé l'archevêché de Tours et le fait qu'il ait fait partie du petit nombre de cardinaux français, justifie amplement sa renommée.  Bien que ne pouvant plus participer aux conclaves du fait de son âge (né en 1942) et tout particulièrement le plus récent, il restait une figure éminente de l'épiscopat dont la forte présence à Tours a non seulement marqué les esprits, mais a concrétisé le fait qu'il devenait ainsi le successeur de Saint Martin. Cliché AFP - Vatican News. Ainsi, les promoteurs de l'Itinéraire culturel, dont le plus actif dans les années qui ont précédé l'attribution de la mention en 2005 , ...

Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute

Image
  Thibault de Montalembert et Ibrahim Maalouf Ils sont deux Souvent face à face, sanglés dans leurs identités. Parfois côte à côte, aspirés par leurs souffrances passées et leur mal être présent. Ils sont aussi au bord, sur un rivage, ancrés et parfois englués, de part et d’autre d’une mer que les guerres coloniales ont creusée comme un fossé dangereux .  Au bord du désespoir ou au bord des larmes. «  Pierre, jeune musicien, souffre de l’exiguïté de son appartement parisien où il lui est impossible de faire « hurler sa trompette ». Zireg, son ami écrivain, l’invite à venir s’isoler dans sa maison d’enfance pour se parler, se redécouvrir, rire, s’opposer…  » Sarah-Jane Sauvegrain Mais en fait, ils sont trois. La femme, celle que le scandale du corps tentateur voue à l’enfermement. Celle qui révèle par ses cris, sa proximité des tissus et des linges mouillés, la prison des consciences et des identités. Comment éviter alors que leurs destins à la fois se crois...

Perfect days

Image
  Avec un petit appareil photographique. A l’heure du déjeuner. Quelques branches d’arbres qui filtrent la lumière. Au moment du réveil, quand il est l’heure de replier le futon. Afin de ranger une pièce quasiment vide. Sauf quelques livres épars, ressources d’imaginaires lointains. Dans la cour de l’immeuble. Le temps de glisser une pièce dans le distributeur de boissons. Et de prendre un nouveau départ pour vivre intensément une journée parfaite. Une somme de gestes. Toujours les mêmes. Rassurants. Au volant d’une voiture. Au sein d’une circulation fluide. En écoutant la musique d’une cassette audio prélevée dans un stock qui semble inépuisable.  Une collection venue des jours moins parfaits de la jeunesse ? Du temps des j ours sans gestes dans un environnement trop riche. Confort rejeté. Jours de semaine. Brosses, chiffons, éponges, balais. Dans la perfection de toilettes publiques dont la transparence se masque pour le respect de l’intimité. Perfection de la te...