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Affichage des articles du décembre, 2021

Prises au piège

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  Il est rare que soit donnée à connaître et surtout à voir sur les écrans une Suisse pluriculturelle et surtout une Suisse des banlieues et des grands ensembles. Encore une des qualités de la sélection de l’ Arte KinoFestival  : savoir mettre en valeur des cinéastes, très connus ou moins connus, peu importe, qui creusent le regard. " Sami, Joe et moi ", trois adolescentes remarquablement interprétées, trois destins hérités du passé de leurs parents, passé souvent douloureux, remis à plat par une société du regard, où rien ne passe inaperçu, mais où tout peut être ignoré. Est-ce si différent de la situation dont les télévisions font quotidiennement le compte-rendu dans les pays voisins de la Suisse ? Autrement dit dans nos «  banlieues  » où se côtoient et s’affrontent les origines ethniques ou géographiques et les langues ! «  Une Suisse au-dessus de tout soupçon  », titrait Jean Ziegler en 1976. La réalisatrice et actrice Karine Heberlein , quelques décennies plus

Tête à tête

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  «  La jeune réalisatrice belge Paloma Sermon-Daï livre avec son premier long-métrage « Petit Samedi » un documentaire touchant et bienveillant sur l’addiction et s'intéresse aux liens forts qui unissent son frère toxicomane à sa mère dans un petit village de Belgique.  » Le texte de présentation de l’interview qu’Arte a publié sur son site, en marge de l’inscription de ce film dans le cadre de l’Arte Kino Festival , au titre de la Belgique, en résume parfaitement le propos. Ce documentaire m’a bien entendu immédiatement fait songer à cette magnifique série de portraits collectifs initiée par la RTBF sous le titre de «  Strip-tease  ». Mais la sincérité de l’analyse d’une dérive, où une mère et grand enfant tentent de découvrir ensemble où s’est formé le point de rupture qui les a déchirés, est plus que touchant. Deux voix dans une sorte de brouillard quotidien. Deux voix dans ces paysages où les affluents de la Meuse creusent un paysage de forêts humides, rudes en hiv

Portrait à charge

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  Chaque année l’Arte Kino Festival présente en version originale un choix – ouvert aux votes des téléspectateurs – de films européens récents qu’il serait difficile de voir en salle ou sur d’autres chaînes autrement. J’avais ainsi eu l’occasion, il y a deux ans, de voyager de Lituanie («  Frost  » de Sarunas Bartas) aux «  BrightNights  » norvégiennes de Thomas Arslan jusqu’au charme discret des malheurs quotidiens de la Bulgarie («  Godless   » de Ralitza Petrova). Au sein de la sélection des douze films de cette année, j’ai immédiatement choisi de commencer par la Roumanie . Bien m’en a pris, car dès les premières images de «  Uppercase print   » de Radu Jude  dont j'avais admiré " Aferim " et avec une dose d'humour ravageur " La fille la plus heureuse du monde ", je me suis retrouvé plongé, non seulement dans les ombres portées de la période communiste que j’ai découvertes, en contrepoint tardif, mais encore bien présent au milieu des années quatre-v

De Paris à Strasbourg : Richard Rogers toujours présent

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Il est des disparitions dont l'annonce vient nous cueillir le matin au réveil, comme le signe d'un hiver qui fait retomber sur les épaules un rideau de brumes froides, en fermant l'horizon. Je ne serai ni le premier, ni le dernier à me sentir orphelin lorsqu'un père de l'architecture comme Richard Rogers vient à disparaître, mais j'ai immédiatement évoqué pour moi-même des images qui pourraient figurer en tête de trois chapitres de ma vie. Lorsqu'avec plusieurs amis et sous l'égide de Pierre Daquin , nous avons décidé de créer à la fin des années soixante-dix un journal d'association " Driadi ", devenu ensuite le trimestriel " Textile/Art " qui se maintiendra en vie une dizaine d'années, nous avions fait figurer un petit dessin humoristique où quelques petits lapins aventureux creusaient leur terrier sur une esplanade qui avait longtemps servi de parking quasi sauvage : le Plateau Beaubourg.  Cette sorte de non lieu était en

Instantanés d'absence / Im Winter ein Jahr

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  Parmi mes instantanés de la semaine passée, vient se placer la découverte d'une cinéaste allemande, Caroline Link .  Son film, diffusé par Arte a pris en français le titre de : " L'Absent ", tandis que l'original allemand précisait l'espace de temps qui s'est écoulé depuis un drame familial, la disparition d'un fils et d'un frère : " I m Winter ein Jah r ". La mise à plat de l'intrigue proposée par Arte dit beaucoup, mais n'explique rien. Sinon, il serait inutile de plonger dans l'i mage ! Il ne s'agissait pas seulement pour les auteurs de ce texte d'éviter de divulguer un secret, que l'on devine pesant, dès les premières images, mais parce qu'il est toujours difficile de caractériser ou de raconter l'impalpable :  " Un an auparavant, un drame a frappé les Richter, famille bourgeoise sans histoires : leur fils cadet Alexander, jeune homme pourtant joyeux et accompli, s’est donné la mort à l’âge de 1